Première enquête sur les populations afro-caribéennes en Île-de-France.
Alors que les populations afro-caribéennes vivant en France sont très touchées par le VIH/sida, peu de données socio comportementales sont disponibles sur ces populations, à l’exception du KABP migrants mené en 2005 auprès des migrants d’Afrique subsaharienne. C’est dans ce contexte que l’association Afrique Avenir a conduit une enquête de type KABP auprès des populations afro-caribéennes en Île-de-France.
Cette enquête a pour objectif de :
1) réaliser un état des lieux des connaissances, attitudes et comportements en matière de VIH/sida ;
2) mesurer leur perception des actions de prévention du VIH/sida ;
3) recueillir leurs attentes par rapport aux actions de l’association Afrique Avenir ; 4) proposer des recommandations afin d’adapter les outils de prévention.
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Afrobaromètre santé 2011 : Première enquête sur les populations afro-caribéennes en Île-de-France
Collecte des données
La collecte des données a eu lieu du 1er Août au 15 novembre 2011 par auto-questionnaire anonyme dans les discothèques, salons de coiffure et les salles de fêtes fréquentés en majorité par les populations africaines et caribéennes en Île-de-France et sites d’actions de prévention de l’association Afrique Avenir. L’auto-questionnaire, composé de 37 questions, a permis d’obtenir des informations sur les caractéristiques sociodémographiques, les connaissances, les attitudes et les pratiques en matière du VIH-Sida ainsi que sur la perception et les attentes des participants vis-à-vis des activités de prévention de l’association Afrique Avenir. La durée moyenne pour remplir un questionnaire était de 20 minutes. Sur les 12 000 questionnaires distribués, 4044 étaient exploitables.
Caractéristiques sociodémographiques de l’échantillon
Les femmes représentent la majorité de l’échantillon (57%). Il s’agit d’une population jeune (âge moyen : 35 ans), avec un niveau d’étude élevé (55% ont un niveau d’études supérieures au baccalauréat). Les personnes enquêtées sont majoritairement nées en Afrique subsaharienne (55%), en France métropolitaine (22%), dans les DOM-TOM (19%) et enfin, dans les Caraïbes (4%). S’agissant de leur statut administratif, 67% ont la nationalité française tandis que 6% ont un titre de séjour précaire. C’est particulièrement le cas pour les personnes nées en Afrique subsaharienne. Enfin, si la majorité a un emploi (65%), plus d’une personne sur dix est au chômage (13%), notamment parmi les personnes nées en Afrique subsaharienne et dans les Caraïbes.
Connaissances du VIH/sida, attitudes envers les personnes séropositives et image du préservatif
Parmi la population enquêtée, les modes de transmission du virus du sida sont globalement bien connus : 89 % répondants rapportent que le virus du sida peut être transmis en ayant des rapports sexuels sans préservatif, 78 % lors d’une piqûre avec une seringue déjà utilisée et 71 % de la mère à son enfant au moment de la grossesse, de l’accouchement ou de l’allaitement. Néanmoins, les circonstances qui ne transmettent par le virus restent mal maîtrisées : 16 % des répondants pensent que le virus du sida peut être transmis par une piqure de moustique tandis que 11 % pensent que le virus du sida peut être transmis en buvant dans le verre d’une personne contaminée. Quant aux traitements antirétroviraux, ils sont connus par 70% des personnes interrogées. Près de la moitié des personnes interrogées déclarent connaître au moins une personne séropositive (44%). Les attitudes envers les personnes séropositives sont majoritairement tolérantes. Cependant, la proportion d’attitudes tolérantes diminue fortement dans des situations qui témoignent d’une certaine proximité. Enfin, l’image du préservatif est globalement positive parmi les répondants à l’enquête.
Perception du risque de contamination et pratiques sexuelles
La moitié des répondants à l’enquête a déjà craint d’avoir été contaminée par le virus du sida. C’est particulièrement le cas parmi les personnes qui ont eu plusieurs partenaires en même temps au cours des douze derniers mois.
La majorité des personnes enquêtées ont déjà eu des rapports sexuels au cours de la vie (96 %). Et dans 95 % des cas, les personnes ont déclaré avoir eu des rapports sexuels uniquement avec des personnes de l’autre sexe. Les hommes sont plus nombreux que les femmes à déclarer des relations exclusivement avec des personnes du même sexe (3% vs 2% des femmes). Parmi les personnes sexuellement actives, la majorité a déclaré avoir eu au moins un partenaire au cours des douze derniers mois (96%). Les hommes sont plus nombreux que les femmes à déclarer avoir eu plus d’un partenaire (66% vs 55%). L’utilisation du préservatif est élevée au cours des douze derniers mois, en particulier avec les partenaires occasionnels (82%). Environ 70 % des personnes interrogées ont déjà fait un test au cours de leur vie et un tiers a fait un test au cours des douze derniers mois.
Impact des actions de prévention d’Afrique Avenir
Un tiers des personnes interrogées a assisté à une action de prévention de l’association tandis que près de la moitié a déjà discuté avec un agent de prévention ou animateur de l’association. Parmi les personnes qui ont assisté à une action de prévention ou qui ont discuté avec un agent de prévention, on note une meilleure connaissance des modes de transmission du VIH/sida et des traitements antirétroviraux, une meilleure acceptation des personnes séropositives, une utilisation plus élevée du préservatif au cours des douze derniers mois ainsi qu’un recours plus élevé au dépistage au cours des douze derniers mois.